Philippe Fabre d Eglantine (1750-1794)
Enfin, la nuit est assez noire,
L'horloge frappe douze coups ;
Enfin je vole à la victoire :
Elle m'attend au rendez-vous.
Tu ne dors pas, ma Virginie :
Tu frémis de crainte et d'amour :
Ah ! le temps passé de ma vie
A moins duré que tout ce jour.
Je suis tout près, écoute, écoute :
Respire mieux, rassure-toi :
Le portail et sa sombre voûte
Sont déjà derrière moi.
Je touche au seuil, près de la treille ;
La porte cède, pas à pas :
Jeannette dort ; maman sommeille,
Le petit chien entre ses bras.
Petit à petit je repousse
La porte, sans la refermer :
Je suis tremblant. Chut ! quelqu'un tousse.
C'est dehors, ne faut s'alarmer.
Déjà de ton âme oppressée ;
Et de ton haleine embrasée
L'amour enflamme tous mes ses.
Le parfum de la tubéreuse,
De la jacinthe et de l'iris,
M'annoncent la couche amoureuse,
Egale au trône de Cypris.
J'approche, je respire à peine :
Les soupirs oppressent ton coeur ;
Et tout le mien de ton haleine
Aspire la douce vapeur.
Viens, viens dans mes bras, douce amie !
Mêlons nos baisers amoureux ;
Sur ton sein épuise ma vie ;
Ne soyons qu'un entre nous deux :
Dessous ce lin qui te recèle,
Reçois ton amant fortuné.
Elle est à moi, ma toute belle !
Enfin, l'amour m'a couronné.
L'horloge frappe douze coups ;
Enfin je vole à la victoire :
Elle m'attend au rendez-vous.
Tu ne dors pas, ma Virginie :
Tu frémis de crainte et d'amour :
Ah ! le temps passé de ma vie
A moins duré que tout ce jour.
Je suis tout près, écoute, écoute :
Respire mieux, rassure-toi :
Le portail et sa sombre voûte
Sont déjà derrière moi.
Je touche au seuil, près de la treille ;
La porte cède, pas à pas :
Jeannette dort ; maman sommeille,
Le petit chien entre ses bras.
Petit à petit je repousse
La porte, sans la refermer :
Je suis tremblant. Chut ! quelqu'un tousse.
C'est dehors, ne faut s'alarmer.
Déjà de ton âme oppressée ;
Et de ton haleine embrasée
L'amour enflamme tous mes ses.
Le parfum de la tubéreuse,
De la jacinthe et de l'iris,
M'annoncent la couche amoureuse,
Egale au trône de Cypris.
J'approche, je respire à peine :
Les soupirs oppressent ton coeur ;
Et tout le mien de ton haleine
Aspire la douce vapeur.
Viens, viens dans mes bras, douce amie !
Mêlons nos baisers amoureux ;
Sur ton sein épuise ma vie ;
Ne soyons qu'un entre nous deux :
Dessous ce lin qui te recèle,
Reçois ton amant fortuné.
Elle est à moi, ma toute belle !
Enfin, l'amour m'a couronné.
