Jean-Baptiste Clement (1836-1903)
A Pacra.
L'abstinence est, ma chère enfant,
La soeur de la philosophie. . .
Il faut savoir, quand on n'a pas d'argent.
Rester à jeun sans maudire la vie.
Aimer un Dieu puissant et bon
Et se nourrir d'une sainte croyance...
Vite, Margot, servez-moi le bouillon,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Il faut se contenter de peu,
Se montrer humble autant qu'austère.
Un peu de pain béni par le bon Dieu
Suffit au corps et tient lame légère...
L'estomac est ce qu'on le fait :
Or, trop manger charge la conscience...
Allons, Margot, servez-moi le poulet,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
La vigne est un bien superflu
Que le bon Dieu permit à l'homme.
Mais un peu d'eau suffit à la vertu
Comme au péché n'a suffi qu'une pomme...
Or, le vin troublant nos cerveaux
Est le poison de notre intelligence...
Allons, Margot, mon flacon de Bordeaux,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Le bon Dieu permet quelquefois
Le pain, le vin à notre table...
Mais il défend les beaux fruits que je vois
Et qu'on ajoute à trop de confortable...
Ce luxe-là corrompt et perd
Tout ce qu'en Dieu nous avons de croyance.
Allons, Margot, servez-moi le dessert,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Or, on n'est pas bien vertueux
Quand on a tout ce qui peut plaire...
Car pour gagner le royaume des cieux
Il faut un droit qu'on achète sur terre...
Donc, l'homme, avec humilité,
Pour y monter, doit faire pénitence...
Allons, Margot, une tasse de thé,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Il faut savoir borner ses voeux...
Si le bon Dieu permet qu'on aime,
Il ne dit pas d'être voluptueux...
Car les amours ont aussi leur carême.
Pourtant, sans le rendre jaloux,
On peut parfois s'aimer avec prudence...
Allons, Margot, venez sur mes genoux,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
L'abstinence est, ma chère enfant,
La soeur de la philosophie. . .
Il faut savoir, quand on n'a pas d'argent.
Rester à jeun sans maudire la vie.
Aimer un Dieu puissant et bon
Et se nourrir d'une sainte croyance...
Vite, Margot, servez-moi le bouillon,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Il faut se contenter de peu,
Se montrer humble autant qu'austère.
Un peu de pain béni par le bon Dieu
Suffit au corps et tient lame légère...
L'estomac est ce qu'on le fait :
Or, trop manger charge la conscience...
Allons, Margot, servez-moi le poulet,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
La vigne est un bien superflu
Que le bon Dieu permit à l'homme.
Mais un peu d'eau suffit à la vertu
Comme au péché n'a suffi qu'une pomme...
Or, le vin troublant nos cerveaux
Est le poison de notre intelligence...
Allons, Margot, mon flacon de Bordeaux,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Le bon Dieu permet quelquefois
Le pain, le vin à notre table...
Mais il défend les beaux fruits que je vois
Et qu'on ajoute à trop de confortable...
Ce luxe-là corrompt et perd
Tout ce qu'en Dieu nous avons de croyance.
Allons, Margot, servez-moi le dessert,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Or, on n'est pas bien vertueux
Quand on a tout ce qui peut plaire...
Car pour gagner le royaume des cieux
Il faut un droit qu'on achète sur terre...
Donc, l'homme, avec humilité,
Pour y monter, doit faire pénitence...
Allons, Margot, une tasse de thé,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
Il faut savoir borner ses voeux...
Si le bon Dieu permet qu'on aime,
Il ne dit pas d'être voluptueux...
Car les amours ont aussi leur carême.
Pourtant, sans le rendre jaloux,
On peut parfois s'aimer avec prudence...
Allons, Margot, venez sur mes genoux,
Ce soir, je prêche l'abstinence.
