Jean-Baptiste Clement (1836-1903)
A mon camarade Desmonteix
Allons, mon pauvre vieux Médor,
Le vent, ce soir, est en pleine abstinence.
Je m'y suis laissé prendre encor,
J'ai trop courtisé l'espérance.
Par conséquent notre dîner.
Va ressembler au déjeuner.
Si tu m'en crois, bannissons l'étiquette
Le sans-façon vaut mieux quand on a faim ;
Et nous saurons bien sans assiette,
Manger notre morceau de pain.
Depuis que Ninon m'a quitté,
Tous mes pinceaux dorment sur la palette ;
Tous les amours ont déserté
Et le deuil est dans ma chambrette :
N'est-ce pas qu'en perdant Ninon
On peut bien perdre la raison ?
Au souvenir que nous laisse la belle,
Oh ! viens pleurer la tête dans ma main
Et nous aurons, mon vieux Fidèle,
Une larme avec notre pain.
Pas de tabac et pas d'argent
Pour attraper le bonhomme décembre,
Qui s'amuse à souffler le vent
Par les fentes de notre chambre.
Mais bah ! consolons-nous, Médor,
Ninon reviendra bien encor ;
Et tous les trois, pour fêter l'infidèle,
A Fontenay nous irons un matin,
Nous régaler sous la tonnelle
De vin clairet et de bon pain.
Soyons philosophes ce soir,
Gai compagnon de mes jours de bohème ;
Le pain qu'on arrose d'espoir
N'est pas un trop maigre carême.
Pour se consoler, ici-bas,
J'en connais tant qui n'en ont pas.
Rêvant ce soir à ma Ninon chérie.
Sans trop souffrir, j'attendrai bien demain
Mais toi, voyons, prends je t'en prie,
Notre dernier morceau de pain.
Allons, mon pauvre vieux Médor,
Le vent, ce soir, est en pleine abstinence.
Je m'y suis laissé prendre encor,
J'ai trop courtisé l'espérance.
Par conséquent notre dîner.
Va ressembler au déjeuner.
Si tu m'en crois, bannissons l'étiquette
Le sans-façon vaut mieux quand on a faim ;
Et nous saurons bien sans assiette,
Manger notre morceau de pain.
Depuis que Ninon m'a quitté,
Tous mes pinceaux dorment sur la palette ;
Tous les amours ont déserté
Et le deuil est dans ma chambrette :
N'est-ce pas qu'en perdant Ninon
On peut bien perdre la raison ?
Au souvenir que nous laisse la belle,
Oh ! viens pleurer la tête dans ma main
Et nous aurons, mon vieux Fidèle,
Une larme avec notre pain.
Pas de tabac et pas d'argent
Pour attraper le bonhomme décembre,
Qui s'amuse à souffler le vent
Par les fentes de notre chambre.
Mais bah ! consolons-nous, Médor,
Ninon reviendra bien encor ;
Et tous les trois, pour fêter l'infidèle,
A Fontenay nous irons un matin,
Nous régaler sous la tonnelle
De vin clairet et de bon pain.
Soyons philosophes ce soir,
Gai compagnon de mes jours de bohème ;
Le pain qu'on arrose d'espoir
N'est pas un trop maigre carême.
Pour se consoler, ici-bas,
J'en connais tant qui n'en ont pas.
Rêvant ce soir à ma Ninon chérie.
Sans trop souffrir, j'attendrai bien demain
Mais toi, voyons, prends je t'en prie,
Notre dernier morceau de pain.
